« J'ai testé l'engraissement de mes limousines de réforme à l'herbe »
Philippe Dujardin, éleveur dans les Hautes-Pyrénées, a expérimenté l'engraissement à l'herbe de ses allaitantes, en conservant la finition en bâtiment.
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« Je m'étais dit que je n'engraisserai jamais mes vaches à l'herbe. Je l'ai fait et je continuerai ! », sourit Philippe Dujardin. Du début d'avril à la fin de juillet, les prairies de cet éleveur de vaches allaitantes installé à Montégut (Hautes-Pyrénées) ont nourri 11 limousines de réforme suitées. 3,86 hectares destinés au pâturage tournant ont été découpés en 9 parcs de 24 à 56 ares, dans lesquels les bovins restent de 2 à 4 jours.
Avant d'en arriver là, l'éleveur a été accompagné par le GIEE Pastel (Pratiques agroécologiques et solutions pour la transition des systèmes d'élevage). « J'avais besoin d'un appui technique, explique-t-il. En 2021 et 2022, nous avons connu des sécheresses prononcées. J'ai dû acheter du fourrage pour compléter la ration de mes vaches entre le 1er juillet 2022 et le 1er avril 2023. Il fallait faire quelque chose. »
Faible investissement
L'éleveur, qui recourt déjà au pâturage tournant pour son cheptel de mères et ses génisses de 18 à 30 mois, a diminué l'assolement de céréales pour privilégier de la luzerne et des prairies de longue durée. « Le syndicat des eaux avait posé un compteur à proximité de certaines de mes parcelles. J'en ai profité pour poser un kilomètre de tuyaux. » Huit nouveaux points d'abreuvement ont été installés, « ce qui m'a enlevé la contrainte d'amener de l'eau deux fois par semaine environ ». L'investissement a contenu : autour de 1 000 euros pour les clôtures et l'abreuvement. Par aillleurs, du fumier est épandu sur les prairies pâturées, à raison de 10 tonnes par hectare tous les deux ou trois ans. De la chaux est aussi nécessaire (1 à 1,4 tonne par hectare tous les deux ou trois ans) sur ces sols du Piémont très acides et excédentaires en fer.
Au début d'avril 2023, l'éleveur a ainsi mis ses vaches de réforme suitées au pré. Le sevrage a eu lieu à la fin de mai. « Elles ont le plus profité le premier mois, car l'herbe était très riche », se félicite-t-il. Cette impression se concrétise par la pesée effectuée par Bovins Croissance le 16 mai : le gain moyen quotidien est de 1,355 kg. La situation se gâtera un peu ensuite. Six semaines plus tard, le GMQ est « quasi nul ». En cause : l'herbe consommée par ses vaches, trop haute une partie du printemps, a été de moins bonne qualité. « Je dois m'améliorer de ce côté là, estime Philippe. Il faut que je sorte mes vaches plus tôt, de deux semaines environ. » (lire aussi l'encadré). Pour autant, la note d'état corporel s'est améliorée est passée 2,1 à 3 sur l'ensemble de la phase à l'herbe.
L'éleveur voit de nombreux avantages à ce changement de système, à commencer par l'autonomie et la diminution des coûts. « J'ai gagné 3 à 4 mois d'alimentation en bâtiment, estime-t-il. On rallonge un peu l'engraissement, de trois semaines à un mois. Puis, après un mois de finition en bâtiment en août, elles sont identiques à celles que je faisais avant, en bâtiment. »
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